« Journalistes ou fournisseurs de contenus ». Sous ce titre, l’étude (1) réalisée par la Société civile des auteurs multimédias (Scam) met en exergue toute l’ambiguïté des conditions imposées aux journalistes pour exercer leur travail avec, par voie de conséquence, la remise en cause de leur statut professionnel.
Tous les journalistes, quel que soient leurs supports, sont concernés par un exercice de leur métier de plus en plus difficile. Avec, en particulier, la réorganisation des médias liée aux technologies numériques et l’apparition de nouveaux acteurs, pour certains aux statuts pour le moins indéfinis et mélangeant allègrement information et communication.
Ceux de l’audio-visuel connaissent le problème depuis longtemps à l’instar d’Aurore (2) qui témoigne dans l’étude. Journaliste depuis 30 ans à Radio France elle est payé soit en salaire lorsqu’elle intervient en rédaction, soit en cachet pour les émissions de reportages. Son cas n’est pas isolé et tend au contraire à s’amplifier dans toutes les formes de presse au détriment des dispositions légales.
Un exemple avec la prolifération de médias (dont des groupes importants de la presse quotidienne régionale par exemple) qui réduisent leurs permanents et « achètent » des contenus à des sociétés (parfois filiales) qui ne travaillent qu’avec des auto-entrepreneurs. Cela est illégal certes mais « à prendre ou à laisser » pour celles et ceux qui ont besoin de travailler.
Certaines entreprises comme Mondadori ou le Figaro ont été condamnées en 2016 et 2012 pour des contournements de la loi Cressard qui stipule clairement qu’un journaliste est obligatoirement un salarié, qu’il soit permanent ou pigiste.
Agir au sein des clubs
De plus, le journaliste est auteur au sens défini par le code de la propriété intellectuelle comme le rappelle Lise Blanchet, président de la commission des journaliste à la Scam : « le salariat, régi par le code du travail, exige que la ou le journaliste soit uniquement rémunérée (-é) en salaire. Dans la mesure où sa contribution est « originale et unique », elle ou il peut prétendre à des droits d’auteur pour les exploitations secondaires de ses oeuvres non couvertes par son salaire ».
L’étude de la Scam a le mérite de montrer la réalité des conditions de travail des journalistes confrontés à une constante remise en question de leurs droits fondamentaux qui gênent des intérêts financiers et/ou d’influence.
Les syndicats de journalistes et les associations spécifiques à certaines branches du métier ( pigistes, photographes, etc.) sont bien au fait de la situation et travaillent à y remédier même si les éditeurs de presse n’ont pas le même regard.
Les possibilités de ne pas subir la situation existent, reste à le vouloir et, pour cela, on peut commencer à s’informer, à en parler au sein des clubs de la presse. C’est une de leurs raisons d’être.
(1) L’étude 2019 de la Scam a été présentée lors des dernières Assises internationales du journalisme à Tours et est disponible via
http://www.scam.fr/detail/ArticleId/6004/Enquete-exclusive-sur-les-journalistes
(2) Prénom modifié