Alors que l’association nationale de journalistes pigistes Profession Pigiste fêtait ses 20 ans en 2020, elle n’avait pourtant pas pu les célébrer lors de ses traditionnelles 48h de la Pige. Cependant, la situation sanitaire n’a pas eu raison du rendez-vous de cette année, qui a bien eu lieu les jeudi 24 et vendredi 25 juin 2021, à Paris ! Un événement auquel s’est trouvée associée l’Ucp2f.
Devenir pigiste est un choix qui peut induire une certaine difficulté de parcours. En effet, les débuts peuvent être chaotiques. Il peut être difficile de mettre un pied dans une rédaction et de se faire un nom, tout simplement, pour être reconnu et sollicité par différents médias et par les communicants. De plus, les droits et aides apportées au statut de pigiste font partie d’une nébuleuse d’incertitude. Peu connaissent l’existence et l’application de la Convention collective nationale des journalistes par exemple. Il y a également le salaire qui reste un terrain glissant depuis toujours. Ou encore la transparence des tarifs de pige qui est parfois, elle aussi, un peu douteuse. Ainsi, bon nombre de pigistes prennent le risque de se retrouver en précarité pour exercer ce métier-passion.
Profession pigiste, ce fidèle conseiller
Reconnaissance, application des droits, lutte pour de nouvelles réformes, etc… font partie des actions à l’origine de la création de l’association Profession Pigiste. Depuis le 17 mars 2000, date d’anniversaire de l’association, elle tente de faire entendre la voix des pigistes.
Être pigiste, c’est aussi réseauter derrière son écran par moment et s’effacer peut-être un peu trop parfois du monde physique. Pour les aider à se reconnecter les uns aux autres, certaines institutions organisent des rendez-vous. C’est le cas des Apéros pigistes organisés régulièrement par l’association du Club de la presse de Bordeaux. L’occasion pour des pigistes débutants et confirmés, volontaires et concernés, d’échanger sur des sujets qui leur sont communs, de discuter de désaccords et proposer des solutions en faveur du milieu journalistique.
Qu’il s’agisse des Apéros Pigistes ou des 48h de la Pige, ces rendez-vous manquent à l’appel depuis bien trop longtemps. Le crise sanitaire a renforcé les difficultés liées au statut de pigiste et a accentué cette cassure entre les acteurs du milieu, cet isolement des journalistes indépendants. Une situation de mise à l’écart qui ne peut plus durer. Et ça, Profession Pigiste l’a bien compris. C’est pourquoi, leur 10ème édition a bien eu lieu cette année, les 24 et 25 juin.
Les 48 heures de la pige, ces moments privilégiés
La précédent édition s’était déroulée les 27 et 28 juin 2019 à Rouen, après s’être arrêtés à Bordeaux en 2018 ou encore à Rennes en 2017. Une nouvelle année, et ce sont les habitants d’une ville différente qui reçoivent l’événement. Une diversité dans les terres d’accueil nécessaire pour recueillir les opinions de chaque acteur de la profession aux quatre coins de l’hexagone.
En plus d’être un instant convivial, de rencontres ou de retrouvailles ; les 48h de la Pige regroupent diverses animations sur ses deux journées annuelles exceptionnelles. Ateliers, débats, interventions d’associations partenaires ou encore speed-datings sont organisés à chaque édition.
Ce rendez-vous réserve également parfois quelques surprises. Tel était le cas à Montpellier en 2016, où ont été lancés Les Tremplins de la Pige. Parce que les 48h ont aussi pour but de mettre en lumière le talent des acteurs du milieu journalistique, Les Tremplins de la Pige ont été créés pour récompenser de belles collaborations. Leur but ? Il s’agit, pour les pigistes volontaires, d’envoyer un synopsis aux médias conviés à l’édition en question. Le meilleur synopsis est choisi par les rédacteurs en chef présents. A celui-ci est alors promis une transformation en commande de pige payée. Formateur et gratifiant, les 48h de la Pige ont aussi pour vocation la mise en valeur de l’humain.
Cette année donc, pour cette 10ème édition, ce sont « deux journées de réflexion, de rencontres et d’échanges sur l’évolution du journalisme et ses enjeux professionnels et citoyens » qui ont eu lieu. Généralement, ce sont 200 participants qui sont attendus chaque année à l’événement. Cette jauge était évidemment revue à la baisse pour respecter les mesures sanitaires et, de ce fait, 140 pigistes ont tout de même pu se retrouver.
A l’Ucp2f ça pige aussi !
Différents parcours étaient proposés en quatre lieux : débuter à la pige ; mieux vivre à la pige ; aller plus loin ; se diversifier pour gagner plus.
Ce dernier thème a été traité le jeudi 24 à la Bourse du Travail. « La difficulté en province, c’est de se faire un réseau et un carnet d’adresse » pointe Sonia Reyne la présidente de l’Union des clubs de la presse de France et francophones (Ucp2f). Correspondante à Clermont-Ferrand pour Libération, La Tribune, également pigiste pour la presse agricole, elle a partagé son expérience en compagnie de Guillaume de Morant dans l’atelier intitulé « me spécialiser par thématique ou diversifier mes médias » (1).
C’est donc un air de délivrance que laissait profiler cette édition. Peut-être pour célébrer cet anniversaire immémoré mais pas oublié. Peut-être pour se nourrir de nouveau des expériences des autres qu’on a l’impression de ne plus connaître. Ou peut-être encore pour laisser échapper sa colère. Mais pour être en colère ensemble. Les 24 et 25 juin étaient donc, à ce sens, une délivrance de la parole, de leur parole.
Kim Gaborieau
(1) On retrouvera un compte rendu exhaustif grâce à l’article de Quentin Guillon publié sur le site du club de la presse de Bordeaux
Sources
Edition 2019 de Profession Pigiste : https://pigiste.org/les-48h/edition-2019/
Dossier de presse de Profession Pigiste en pdf : https://pigiste.org/wp-content/uploads/2021/04/DP-48H-Pige-2021.pdf