Par Mereini GAMBLIN
Chez nos amis belges aussi, la défiance envers les journalistes se fait sentir. Le Club de la Presse du Hainaut-Mons, en Belgique, agit à son échelle pour tenter de contrer ce phénomène. Le groupe s’est donné pour principale mission l’éducation aux médias.
Le Club devait fêter ses 40 ans d’existence cette année, avec une conférence autour du journalisme constructif – aussi appelé journalisme d’impact ou de solutions. L’évènement a été annulé à cause du covid.
1980 marque la date d’inauguration du Club, créé par William Maurice et Jean-Claude Maréchal, figure emblématique du journalisme à Mons. A l’époque, le Club était un véritable lieu de passage, où nombres de personnalités se donnaient rendez-vous autour de grands évènements, notamment culturels et de loisirs.
Aujourd’hui – bien que ces manifestations soient suspendues en raison de la crise sanitaire – le Club propose une offre de formation aux journalistes, en lien avec l’Association des journalistes professionnels (AJP). Des rencontres conviviales sont également organisées à destination des journalistes et des communicants. Mais l’arrivée d’internet a indéniablement bouleversé les comportements des journalistes comme des citoyens.
Retisser le lien
Depuis les locaux du Club, 106 rue de Nimy à Mons, Sophie Hermant, coordinatrice communication et projets du Club et son collègue Manu Flament, gestionnaire administratif et financier, œuvrent pour recréer le lien quelque peu rompu. Sophie Hermant note même l’“urgence à [le] retisser”. Aussi, les actions du Club résident aujourd’hui dans un projet d’éducation aux médias, visant un public jeune – entre 15 et 25 ans. Il est principalement mené dans le but d’assurer l’avenir du journalisme, et lutter contre le désintérêt grandissant pour l’information. La croissance de ce phénomène de détachement est effrayante, et s’est malheureusement amplifiée avec la crise du covid. “C’est devenu hallucinant. Maintenant, on dirait qu’il y a deux clans : celui des complotistes, et puis l’autre. Nous, on est un peu au milieu de tout ça : [on veut] réunir ces gens, les faire dialoguer à nouveau, sans prétendre détenir la vérité.”, témoigne la coordinatrice.
Sophie Hermant regrette une diminution considérable du nombre de conférences de presse, en particulier cette année. C’est pourquoi le Club tente également de s’orienter vers les conseils en communication. “[Nous souhaitons] que les personnes qui viennent nous voir puissent être briefées, guidées dans la rédaction des communiqués de presse”, indique la chargée de communication, avant de rappeler : “un bon communiqué vaut mieux qu’une mauvaise conférence de presse.”
Actions fortes
Les deux salariés peuvent compter sur le soutien des 125 membres de l’association, notamment le bureau de gestion et le président Julien Crête, ainsi que sur la collaboration active avec leur partenaire privilégié, le Mundaneum – centre d’archives et espace muséal. Les actions particulièrement fortes, qui s’inscrivent dans cette nouvelle démarche d’éducation aux médias, ont débuté en octobre 2018 avec le projet Apocalypse News. L’évènement a proposé pendant quatre mois aux jeunes, de réfléchir au média de demain. En ce moment, l’équipe travaille avec le Mundaneum sur un autre projet majeur, intitulé : “On n’a que l’info qu’on se donne”. Le programme est conçu en trois épisodes, qui s’étalent sur trois ans. Cette année, les algorithmes sont à l’honneur. Le Club est fier de présenter ce vendredi 20 novembre, une émission radio diffusée sur le site YouFm et du Mundaneum. Les deux autres épisodes se partagent entre les théories du complot et la confiance envers les médias.