Le conseil d’administration et des membres de l’Observatoire de déontologie de l’information – présidé par Patrick Eveno – se sont réunis lundi 15 janvier à la Fondation Varenne à Paris pour examiner entre autre la mise en œuvre des mesures pressenties lors des vœux présidentiels à la presse. Cela concerne les « fake news » mais, plus globalement, la réflexion sur la déontologie du métier de journaliste.
Il y a peu, le bureau de l’ODI s’est prononcé pour la création d’un Conseil de déontologie journalistique. Il s’agirait d’une instance d’autorégulation indépendante et tripartite (journalistes, entreprises de presse et publics).
L’ODI a pris acte de cet appel implicite du Président de la République pour cette autorégulation de la déontologie de l’information. Et en final, la volonté de disposer d’un outil permettant au journalisme professionnel de regagner la confiance des citoyens.
Il est vrai que la sanction du droit existe pour les délits de presse, mais pour les manquements déontologiques, le public n’a aucun recours.
Ce conseil « n’est ni une autorité politique, ni une autorité administrative, ni une structure corporatiste, ni un ordre professionnel. Ce n’est pas un tribunal de journalistes et des médias, mais une instance de médiation sur les questions déontologiques », selon le bureau de l’ODI, ajoutant qu’un « Conseil de ce type ne saurait être piloté par les pouvoirs publics, même s’ils peuvent en être les instigateurs en créant les conditions de sa mise en place (…) Les pouvoirs peuvent donc inciter médias et journalistes à rejoindre une telle instance, notamment en conditionnant certaines aides à l’adhésion au Conseil de déontologie ou en insérant dans les conditions passées avec les entreprises audiovisuelles l’obligation d’adhérer à ce Conseil. »
Autour de la table, la discussion a longuement tourné autour de la création de ce Conseil. Jérôme Bouvier (Journalisme et Citoyenneté) a estimé que « le pouvoir politique doit être instigateur mais pas à la manœuvre. En revanche, la question du financement se pose. Il sera difficile de faire l’impasse sur le financement public. »
Autre sujet d’importance avec les « fake news » tel qu’évoqué également lors des vœux présidentiels. Elles constituent un défi pour les médias et les journalistes. Certes le droit français interdit la publication de fausses nouvelles mais dans une série de situations spécifiques. « C’est très difficile de définir ce qu’est la mauvaise foi au regard du droit à la liberté d’expression et surtout il est difficile pour un tribunal de prouver le lien entre la fausse nouvelle et le fait de troubler la paix publique », toujours selon le bureau de l’ODI.
Directeur de Reporters Sans Frontières, Christophe Deloire a exposé un projet qu’il entend faire avancer. Il s’agit de créer des normes européennes avec en particulier une sorte de norme du style ISO du journalisme, donnant des garanties de sérieux concernant les plates-formes. « Il vaut mieux qu’on s’en occupe nous, avant qu’un gouvernement ne le fasse », a-t-il encore dit.
Il a été décidé que l’ODI allait continuer sa collaboration – sans engagement – à ce projet.
Il en sera question aux Assises du journalisme de Tours lors d’un débat annoncé pour le jeudi 15 mars en soirée.
D’ici là, l’ODI tiendra son assemblée générale ordinaire le mardi 13 février à 17 heures à Paris, permettant de revenir sur ces sujets mais aussi le rapport annuel dévoilé lors des Assises le 15 mars à 14 heures.