France TV n’est plus un service public d’information et de culture dans la mesure où il interdit le libre accès à son site de production et de diffusion de programmes d’informations et culturels.
En prenant la décision, d’obliger, depuis le 22 février 2021, les internautes à se connecter donc à s’identifier pour accéder à son site internet, France TV déroge à la raison d’être d’un service public comme un bien commun au service de tout le monde et ceci sans aucune contrainte.
Pour motiver ce dispositif, France TV met en avant l’avantage pour l’internaute de pouvoir créer sa propre liste de programmes et vidéos préférés, de reprendre automatiquement la lecture des vidéos là où on les a arrêtées. Et aussi de profiter de recommandations personnalisées pour « (re)découvrir des programmes qui vous correspondront ».
Sont aussi en cause la publicité et l’intérêt économique qui en découlent comme le stipule France TV : « nous transmettons vos données à notre régie publicitaire et à nos partenaires lorsque cela est nécessaire pour l’affichage de pubs personnalisées ». Derrière cette formule qui dénie aux internautes la capacité et la compétence de rechercher par eux mêmes ce qui peut les intéresser, se cache la justification de les inféoder aux annonceurs . A noter cependant que le simple fait de se « brancher » sur le site permet à celui-ci d’avoir toutes les informations voulues sur les audiences de ses programmes mais de façon anonyme.
Que des entreprises privées de télévision, soumises à la doxa de l’économie financière dominante basée sur la compétition et la concurrence sans lendemains, demandent à leurs clients de s’identifier cela peut se comprendre. Libre à chacune et chacun d’accepter ou de refuser.
Le problème est que France TV n’est pas une entreprise privée mais un service public financé par une redevance payée par l’ensemble de la population pour que celle-ci ait accès, sans aucune contrainte, au champ de la culture et de l’information. Que ce service public propose un service de conseils personnalisés, pourquoi pas mais c’est aux usagers (*) de décider s’ils veulent en bénéficier et, en tout état de cause, cela ne doit pas empêcher celles et ceux qui ne le souhaitent pas d’avoir accès au service public.
Les fantastiques possibilités ouvertes par l’univers du web et les outils numériques de communications se retrouvent contingentées dans un espace sous la coupe d’intérêts économiques et de pensées idéologiques dominantes à l’encontre d’une société ouverte à la réflexion commune pour favoriser le développement individuel et collectif des individus qui la composent.
Malheureusement France TV n’est plus sur cette ligne et ne peut donc plus prétendre assurer une mission de service public.
Espérons que Radio France et Arte ne suivront pas le même chemin
(*) A noter que le terme usager n’a pas cours à France télévision où c’est un « responsable clients » qui répond aux interrogations. Une dénomination qui n’est pas anodine.