Paris, le 30 avril—La journaliste d’investigation colombienne Jineth Bedoya Lima a été nommée lauréate du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2020 sur recommandation d’un jury international indépendant composé de professionnels des médias.
Née en 1974, Jineth Bedoya Lima a réalisé des reportages sur le conflit armé et le processus de paix en Colombie, ainsi que sur la violence sexuelle contre les femmes. Mme Bedoya Lima en a elle-même été victime, lorsqu’elle a été enlevée et violée en 2000 dans le cadre d’une enquête sur le trafic d’armes qu’elle menait pour le quotidien El Espectador. Trois ans plus tard, alors qu’elle travaillait pour le quotidien El Tiempo, elle a été prise en otage par les ex-FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie).
« Le courage et l’engagement de Jineth Bedoya Lima forcent notre respect, elle qui comme femme et comme journaliste est doublement exposée à des risques inacceptables », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. « Nous avons besoin du travail de journalistes professionnels et indépendants. »
« L’actuelle pandémie de COVID-19 a permis de souligner le rôle essentiel des journalistes dans la fourniture d’informations fiables et potentiellement vitales en situation de crise, ainsi que les nombreux risques auxquels ils continuent d’être confrontés dans l’exercice de leur profession partout dans le monde », a-t-elle ajouté.
« En attribuant le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano à Jineth Bedoya Lima, le jury reconnaît et soutient son courage exceptionnel et son engagement infatigable à révéler des questions d’importance fondamentale pour la société », a déclaré Giselle Khoury, présidente du jury. « Le jury a souhaité se joindre à la dénonciation énergique par Mme Bedoya Lima de la violence croissante à l’égard des femmes journalistes en Amérique latine et dans de nombreuses autres régions du monde et à ses efforts pour inverser cette tendance mondiale alarmante ».
Le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano est décerné tous les ans à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai. Cette année, la cérémonie de remise du prix et la conférence mondiale sur la liberté de la presse, qui devaient se tenir à La Haye en coopération avec le gouvernement des Pays-Bas, ont été reportées en raison de la crise de COVID-19.
Toutefois, une série d’activités et d’événements en ligne seront organisés autour de l’importance de la liberté de la presse et du journalisme indépendant pour garantir l’accès à l’information durant la pandémie.
Doté de 25 000 dollars, le Prix, récompense une personne, une organisation ou une institution ayant apporté une contribution exceptionnelle à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse, en particulier si elle a pris des risques pour cela. Il est financé par la Fondation Guillermo Cano Isaza (Colombie), la Fondation Helsingin Sanomat (Finlande) et le Namibia Media Trust. Il est décerné chaque année après délibération d’un jury indépendant composé de journalistes de renom du monde entier.
Communiqué de presse de l’UNESCO