Le 4 juillet dernier à la Bourse du travail de Paris un moment d’échanges et de réflexion a rassemblé à l’initiative de syndicats, associations et collectifs de journalistes ( SNJ-CGT, SNJ, CFDT Journalistes, SGJ-FO, Profession : Pigiste, Ras la Plume, Union des photographes professionnels,…), des journalistes sur les avantages et les inconvénients, les succès et les galères de l’exercice du journalisme à travers la pige comme mode de rémunération. Car il est temps, pour tous les journalistes pigistes et permanents de se coordonner pour mieux lutter ensemble contre la précarisation du métier.La date n’avait pas été choisie au hasard puisqu’elle correspondait à l’anniversaire du vote à l’unanimité de la loi Cressard du 4 juillet 1974 qui a donné aux pigistes les mêmes droits sociaux et moraux que les permanents.
La précarité va en grandissant chez les journalistes comme le montre très clairement la dernière enquête de le Société civile des auteurs multimédias (Scam) menée par Béatrice de Mondenard (1) .
Elle précise notamment que l’un des facteurs essentiels de cette situation réside dans les contournements de plus en plus manifestes de cette loi par des éditeurs via des formules dont les « bénéficiaires » sont soumis au chantage du non-emploi s’ils n’acceptent pas d’être rémunérés comme intermittents pour l’audio-visuel, en droits d’auteurs ou en auto-entreprenariat, autant de dispositifs totalement illégaux.
Faire respecter le droit
D’où la nécessité pour ces journalistes de se retrouver avec les syndicats afin d’avoir la force suffisante pour faire valoir leurs droits. Certains estiment qu’en donnant aux pigistes professionnels le même statut que les journalistes permanents on a ouvert la porte à la précarisation en favorisant la disparition des postes fixes par des emplois temporaires. Or justement la loi Cressard oblige les employeurs à ne pas faire de différences entre journalistes qu’ils soient à plein temps ou non.
En fait la précarisation de la profession est de la responsabilité des responsables de médias de ne pas reconnaître que la loi impose une obligation de salariat impliquant un contrat de travail qu’il soit écrit ou non pour tout journalistes professionnels y compris les pigistes.
Notons aussi que la loi a inversé la charge de la preuve : le pigiste n’a plus à prouver le lien de subordination, c’est à l’employeur que cela incombe (2).
C’est donc bien contre cet état de fait qui se multiplie avec l’explosion de médias internets notamment. Le problème c’est que tout journaliste œuvrant pour ce type de support n’est plus soumis au droit de la presse mais au droit commun. Et en cas de problèmes devinez qui portera le chapeau entre les dirigeants du site et les petites mains !
Pigistes et permanents, agir collectivement
Il est donc urgent et nécessaire pour tous les pigistes professionnels de faire reconnaître leur statut et on sait très bien que ce ne peut être du ressort de la seule personne concernée mais d’une volonté collective menée par les pigistes professionnels eux-mêmes en coordonnant des initiatives avec les syndicats et les associations qui peuvent disposer de services juridiques afin de multiplier les actions et les négociations pour permettre que le dernier mot reste à la loi.
La réunion du 4 juillet à Paris a montré une volonté d’engagement de la part des professionnels concernés et cela doit se poursuivre. Notamment au sein des clubs de la presse qui sont par définition des lieux pour s’informer sur ses droits et les faire respecter.
- « Journaliste : auteur ou fournisseur de contenu », enquête de la Scam. Contournements de la loi Cressard (page 9). A consulter et télécharger sur http://www.scam.fr/detail/ArticleId/6004/Enquete-exclusive-sur-les-journalistes
- Présentation de la loi Cressard par Michel Diard du syndicat Snj-Cgt dans le livret « chercheurs et journalistes » édité par l’Alliance internationale des journalistes. A consulter et télécharger sur http://www.alliance-journalistes.net/article362.html